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5 erreurs en créant sa micro entreprise

Lorraine Kihl • févr. 23, 2023

5 erreurs à éviter, voilà un titre aguicheur et un peu tarte à la crème. Comme s’il n’y en avait que cinq, et pourquoi pas trois ou vingt ? Je l’avoue c’est un choix arbitraire et forcément réducteur. Vous ne vous reconnaitrez peut-être pas dans ces écueils, pourtant ce sont quelques points d’attention que je souhaitais partager pour les avoir trop souvent croisés dans le parcours de nos jeunes entrepreneurs et entrepreneuses. Pour ceux qui ne se sentiront pas concernés, tant mieux cela veut dire que vous êtes passés entre les gouttes et je vous en félicite ! Pour les autres, il n’est jamais trop tard pour recadrer son projet et se préparer au mieux à cette nouvelle aventure entrepreneuriale.

Démarrer sans étude de marché, sans business plan

Une micro est une entreprise

La carte n'est pas le territoire

« Mon projet est ficelé, c’est bon, je n’ai pas besoin de faire d’étude de marché » Combien de fois ai-je entendu cette phrase de porteurs de projet de tous horizons et désireux de se lancer dans des secteurs d’activité fort divers. Les fondements de cette conviction que l’étude de marché est inutile sont parfois très différents, tantôt elle tient à l’observation d’une tendance sur un marché étranger : « cette offre se développe énormément aux Etats-Unis (ou à Paris), je vais la proposer sur mon territoire [ndlr : en général plutôt rural !] je suis sûre que cela va marcher ! ». Si cela fonctionne ailleurs, cela se vendra nécessairement chez moi également. Possible, mais pas certain… ou encore « De toute façon tout le monde fait appel à ce genre de service, donc ça va le faire » Tout le monde a besoin de tondre sa pelouse, acheter du pain, se faire couper les cheveux… Certes, pour autant certains ne survivent pas aux fameuses 3 premières années d’activité.
L’étude de marché va vous permettre de faire le point sur les tendances à l’échelle du secteur d’activité mais également à l’échelle de votre zone de chalandise et si vous produisez un service qui nécessite votre présence et non un contact digital, alors la définition de cette zone d’attraction commerciale de vos futurs clients est fondamentale. Le secteur du bien-être est un secteur en croissance depuis 10 ans, et une majorité à l’heure actuelle cherche à se sentir bien et à s’accorder du temps. Pourtant, cette tendance n’empêche pas de nombreuses naturopathes, sophrologues ou masseuses d’avoir du mal à vivre de leur activité.

Micro entreprise et pas micro chiffre d'affaires !

Si le premier objectif d’une étude de marché est de confirmer l’existence d’un marché, c’est-à-dire d’un besoin client susceptible d’être comblé par votre offre. Elle sert également à confirmer le positionnement de cette offre, notamment son prix, et PRINCIPALEMENT à déterminer le chiffre d’affaires prévisionnel que vous pouvez espérer réaliser sur les premiers exercices (périodes d’activité de 12 mois en général). Le montant estimatif de votre chiffre d’affaires doit résulter de votre étude de marché, et non d’un calcul arithmétique à partir des charges fixes que vous aurez à couvrir pour votre activité et de la rémunération que vous espérez vous verser. Si ce calcul est important pour votre prise de décision, il ne peut en aucun cas suffire pour déterminer vos recettes annuelles.
J’entends également souvent c’est : « Impossible de faire un prévisionnel ! Comment puis-je savoir ce que ça va donner et combien de chantiers/clients je vais avoir ? ». Et bien justement, si vous menez correctement votre étude de marché, ce sont bien les informations qui ressortiront de vos travaux. Le croisement et l’analyse des résultats issus de vos recherches documentaires, de vos entretiens qualitatifs et de votre/vos enquêtes de terrain permettront de déterminer un chiffre d’affaires potentiel sur la zone d’activité que vous aurez choisie.

Immatriculer trop vite sa micro entreprise

Et mes droits à la formation et l’accompagnement ?

Dès votre immatriculation et la réception de votre numéro de SIRET, vous êtes considéré par l’administration comme un entrepreneur. Or ce changement de statut a un impact sur votre situation et votre capacité à financer vos actions de formation et vos démarches d’accompagnement. Je vous propose deux illustrations.
Tout d’abord, concernant les formations à la création d’entreprise proposées via le compte personnel de formation, vous ne pourrez plus prétendre à l’ensemble des offres relevant du code 203. Quel que soit le montant disponible sur votre CPF, en tant qu’entrepreneur vous ne pourrez plus accéder qu’aux offres de formations certifiantes. Si vous aviez prévu de travailler dans votre région avec un opérateur qui ne propose pas de formation certifiante, il vous faudra trouver un autre partenaire pour vous accompagner dans votre projet. Ce n’est pas impossible, il est juste préférable de l’anticiper pour éviter les mauvaises surprises.

Et mes droits au chômage ?

Là encore évitons une erreur courante, demandeur d’emploi depuis quelques semaines, je me lance guillerette dans l’aventure entrepreneuriale en immatriculant ma microentreprise et en pensant conserver mon allocation de retour à l’emploi (ARE – terme idoine pour les indemnités chômage). Or, je m’aperçois après avoir fait ma première déclaration de chiffre d’affaires, que mon allocation est diminuée voire suspendue.
S’il est possible de cumuler les allocations chômage et le chiffre d’affaires de votre activité de microentreprise, la somme des deux ne doit pas dépasser le salaire journalier de référence calculé par Pôle Emploi sur la base de vos 12 derniers mois d’activité.
Si vous aviez immatriculé votre microentreprise avant de quitter votre emploi, alors vos allocations chômage ne seront pas impactées par les revenus de l’activité préexistante. En revanche, pour les microentrepreneurs qui se lancent après avoir accéder au statut de demandeur d’emploi, le montant des allocations est recalculé par Pôle Emploi : 70% du CA après abattement sont retirés sur l’ARE ; le pourcentage de cet abattement dépend du type d’activité exercée.
En bref, il est important de faire le point sur le statut juridique retenu pour se lancer et ses conséquences avec un professionnel avant de démarrer sa nouvelle activité.

Se sentir gêné pour parler d’argent

Deuxième difficulté et erreur récurrente pour les nouvelles entrepreneuses : ne pas oser se vendre et imaginer que la reconnaissance de la compétence sera suffisante pour faire tourner l’activité grâce à un bouche à oreille particulièrement efficace 😇 Malheureusement, cette difficulté à aborder la partie commerciale de l’activité est très courante. Si la compétence et la réputation sont des moteurs importants sur la route du succès. Ils ne sont pas suffisants : savoir, savoir-faire ET faire-savoir sont tous trois indispensables.

Le syndrome de l'imposteur

Sur son site internet, l’Association médicale canadienne (oui, j’aime bien le Canada et ils ont souvent été précurseurs dans le domaine de la psychologie) définit le syndrome de l’imposteur comme « une tendance psychologique à la peur et à la remise en question. Il fait douter la personne atteinte de ses propres réussites et l’accable d’une peur persistante et internalisée d’être présentée comme un escroc, et ce, malgré ses capacités démontrées ». Ainsi, les jeunes diplômées, même à l’issue de deux ou trois années d’apprentissage, disent encore qu’elles ne savent rien faire ou ne connaissent rien, et les cadres expérimentées qui aimeraient se mettre à leur compte se disent que l’entreprenariat c’est hyper compliqué et qu’elles ne sauront sans doute pas faire !
Vade retro syndrome de l’imposteur. Avant de se lancer, on fait le point sur ses talents, ce que l’on fait sans effort à longueur de journée avec une énergie qui ne décroit jamais, et ses compétences, ses spécialités. On construit ensuite son offre de services et sa stratégie de développement commercial en s’appuyant sur ces deux piliers. On ne décide pas de se développer grâce à une chaine YouTube si l’on ne sait pas faire de vidéo et que l’on déteste être devant la caméra, mais on opte pour un blog lorsque l’on a des talents d’écrivain et une bonne orthographe 😉 Et si l’expérience professionnelle est brève, on s’appuie sur ses réalisations et on propose une offre pointue et très spécialisée, avant de développer ses compétences et son catalogue avec le temps et l’expérience.
En bref, on se fait confiance. On reste humble mais pas modeste !

L’argent et la tradition catholique

Et parce que notre offre est fondée sur nos talents et nos compétences, on ne brade pas nos prestations. Un des objectifs d’une entreprise est de gagner de l’argent et il n’y a pas de honte à cela. Dans notre société de tradition catholique, le rapport à l’argent reste souvent ambivalent. L’avarice est un péché capital, la recherche de profit est souvent et rapidement dénigré. Dans l’évangile selon Saint Matthieu, il faut se méfier de la richesse qui corrompt l’esprit et éloigne l’homme de Dieu : « Vous ne pouvez servir Dieu et l’argent ». Même si les pratiques religieuses ont nettement reculé en France, cette philosophie demeure prégnante chez de nombreuses personnes qui vont avoir des difficultés à parler d’argent et à valoriser ce qu’elles proposent, comme si la fixation du prix venait salir la qualité et la pureté de la prestation. J’ai souvent rencontré ce phénomène dans le domaine du bien-être, où l’ambition première des thérapeutes et des praticiennes et de prendre soin de l’autre et de lui apporter un mieux-être. Comment fixer un prix à un acte si généreux ? Eh bien, il va falloir trouver !
Votre prix dépendra du prix du marché, du positionnement de votre offre, des charges fixes auxquelles vous aurez à faire face pour produire votre bien ou service, de la valeur que votre prestation génère et apporte à ses clients. Bref, votre prix ne sort pas de nulle part. Il se construit objectivement et il peut être défendu. Par ailleurs, inutile d’espérer vendre plus (et mieux) parce que vous n’êtes pas cher – l’esprit humain est ainsi fait, qu’il se dit souvent que si le prix est faible c’est que le produit est mauvais – ou de démarrer avec un petit prix pour l’augmenter ensuite. Il est plus facile en termes de gestion de la relation clients de positionner son prix au plus juste et d’accorder une remise aux premiers clients, qui seront ravis de faire une bonne affaire, plutôt que d’essayer de vendre la même prestation 30% plus cher au bout de six mois.

Opter pour le prélèvement libératoire pour se « débarrasser » de la question fiscale

le prélèvement libératoire

Qu’est-ce que le prélèvement libératoire ? Il s’agit d’un prélèvement fiscal qui peut être choisi par le contribuable, dans le cas présent la microentrepreneuse, afin de s’acquitter de l’impôt sur le revenu de manière forfaitaire, en appliquant un taux fixe sur le montant du chiffre d’affaires déclaré.
Le taux du versement libératoire pour les microentrepreneurs varient en fonction de l’activité exercée :
•   1% pour les entreprises de vente ou de fourniture de logement ;
•   1,7 % pour les entreprises réalisant des prestations de services ;
•   2,2 %
pour les titulaires de bénéfices non commerciaux.

La simplicité du dispositif est séduisante : je coche la case option pour le prélèvement libératoire dans les trois premiers mois de mon activité et hop je ne me préoccupe plus du versement des impôts sur le revenu.

L'option pour le prélèvement libératoire est cependant soumise à conditions. Le revenu fiscal de référence de 2021 (pour une création de microentreprise en 2023) doit être inférieur à 26 070€ par part au sein du foyer fiscal.

C’est toujours une erreur de se précipiter vers cette solution sans avoir fait le point sur la situation globale de son foyer fiscal. En effet, il arrive fréquemment que de jeunes praticiennes bien-être optent pour ce prélèvement libératoire alors même qu’elles n’auraient pas été redevables de l’impôt sur le revenu.
Si vous avez opté pour le prélèvement libératoire, vous ne pourrez pas revenir en arrière pendant toute une année et vous ne pourrez pas récupérer auprès de l’administration fiscale l’impôt que vous n’auriez pas dû verser au regard du montant total de vos revenus et des parts fiscales de votre foyer.

Tergiverser trop longtemps

Enfin, une dernière erreur à éviter, ou plutôt une dernière recommandation : si vous avez bien travaillé votre projet, réalisé votre étude de marché et votre business plan sérieusement, choisi consciencieusement et après analyse votre statut juridique, procédé aux formations indispensables pour acquérir les connaissances nécessaires à toute bonne entrepreneuse, alors il vous faut prendre une décision.
Vous pouvez choisir de vous lancer ou de renoncer, mais vous devez décider pour avancer, quel que soit le chemin retenu 😉

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