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6 clés pour la peur de l'échec ou kakorraphiophobie

Philippe ANDREOLI • déc. 13, 2022

J'aime beaucoup les livres de François Délivré, et je suis certain que j'aimerai beaucoup l'homme. A la lecture de "Question de temps", je me souviens avoir été marqué par un paragraphe au tout début du livre. Il n'y évoque pas la kakorraphiophobie ou la peur de l'échec mais la nécessité de la pression de la réussite. Pour ce faire, il utilise les paroles prononcées par Carlo Moïso, à un congrès européen d'analyse transactionnelle. On peut y lire les extraits suivants :

  • "Il faudrait toujours être au maximum, toujours gagner, toujours réussir. Celui qui n’y parvient pas ou qui subit une défaillance est devenu le « pauvre » de nos temps modernes."
  • "L’individu est jaugé non plus comme autrefois par rapport à la façon dont il observe la loi, mais par rapport à sa
    capacité de prendre des initiatives et d’atteindre des résultats. De là vient la dépression moderne, celle qui mine notre société"

Bref, il ne fait pas bon devenir le "looser" de l'histoire. Nous sommes en quelque sorte "condamnés" à réussir quand nous entreprenons. Ceci est entré dans notre inconscient et peut contrarier notre envie de créer une activité.


Restons positifs ! Existe-t-il des solutions ? Oui tout simplement car cette peur de l'échec provient souvent de notre mode automatique de pensée. Nous devons adapter nos intentions et nos comportements à ce qui est vraiment important à nos yeux. C'est ce que je vous propose de faire ici, avec les 6 clés proposées.


peur de l'échec

La curiosité au secours de l'entrepreneur

Qui n'a pas entendu cette phrase servie dans toutes les bonnes soupes du développement personnel : il faut sortir de sa zone de confort ! Notre premier antidote à la kakorraphiophobie peut y faire penser, bien que l'injonction se transforme en une invitation au voyage.

La curiosité, c'est s'intéresser avec ses yeux, ses oreilles, ses ressentis à un monde qu'on ne connait pas, à une autre réalité. Celle de l'entrepreneuse. John Grinder et Richard Bandler, les créateurs de la P.N.L (Programmation Neuro Linguistique), en avaient fait le coeur de leur démarche. "Modéliser" l'expérience vécue par des personnes excellentes dans leur domaine.

Choisir des modèles, se former, participer à des réunions de pairs, dès avant la création, permet une immersion dans ce nouveau monde, la sollicitation de nos sens dans cette nouvelle réalité.


EGD a accompagné plus de 400 créations d'entreprises en 20 années, ce qui a généré plus de 500 emplois directs. Tous ces chefs et cheffes d'entreprise ont une histoire à raconter, des expériences à partager. Une certaine émulation se produit lorsqu'ils ou elles partagent leurs réussites, et leurs moments plus difficiles avec les nouveaux porteurs de projet.


Il convient, non pas de sortir de sa zone de confort, mais de sortir tout cours, d'aller à la rencontre de l'entrepreneuriat. Rester dans vos habitudes à partager vos doutes ainsi que ceux de votre entourage ne fera qu'alimenter votre peur souvent irrationnelle de l'aventure entrepreneuriale.

Nuancer vaut mieux que chercher LA solution idéale

kakorraphiophobie

Solène est en reconversion. Elle est agent de la fonction publique territoriale. Elle voudrait ouvrir sa boutique. La vie de commerçante lui fait peur, notamment depuis ce repas de famille où tous s'y sont mis : "tu ne gagneras jamais ta vie, penses à tes enfants !".

Ce que Solène ne sait pas encore, c'est qu'aucune solution ne sera idéale, comme aucune solution ne sera catastrophique ! Chaque situation aura ses avantages et ses inconvénients, je le sais car non seulement j'ai exercé sous différents statuts, mais aussi parce que je coache depuis 2009 des personnes issues de chaque catégorie de statut. Et je vous prie de croire qu'aucun n'est parfait !

A la longue, l'incertitude de l'entrepreneuriat n'est pas plus problématique que le manque de liberté dans la fonction publique ou les grandes entreprises.

Encore une fois, il convient d'entreprendre seulement quand on a mesuré les risques et qu'on peut les assumer.

Satisfaire ses valeurs plutôt que le regard d'autrui

Lorsqu'on entreprend, on choisit un modèle économique. Il s'agit de décider et définir :

  • Ce qu'on vend
  • A qui on le vend
  • Comment (et combien) on le vend

L'essentiel réside dans la réponse à un besoin implicite, explicite ou latent, d'une catégorie de personnes.


Si ce besoin change ou disparait, je devrai "pivoter" (changer de modèle économique) ou disparaitre. Un échec ne peut donc pas être écarté.

Pour appréhender la sensibilité de Solène à l'image et sa capacité à se tourner vers ses valeurs, je lui propose un exercice issu de l'Approche Neurocognitive et Comportementale. Cela consiste à remplir le même tableau de 2 façons différentes.


D'abord, je demande à Solène de me dire :

  • Ce qu'elle pense d'un inconnu mis en échec, ou à l'inverse dans une réussite exemplaire, puis
  • Ce qu'elle penserait d'elle dans les mêmes conditions


échoue après 2 ans d'entrepreneuriat connait une réussite formidable
Si un individu X ... Solène pense "le pauvre" Solène pense "il le mérite sûrement"
Si c'est Solène qui ... Solène pense : "je suis nulle" Solène pense "j'ai de la chance"

On constate ici chez Solène deux choses :

  • Le résultat influence ce qu'elle pense du parcours de l'entrepreneur.
  • Elle est plus sévère avec elle-même qu'avec un quidam.


Pour améliorer sa peur de l'échec, je lui demande de trouver une phrase identique à ajouter dans les 4 cases du tableau. Après quelques hésitations et une aide de ma part, elle redéfinit le tableau de la façon suivante :

échoue après 2 ans d'entrepreneuriat connait une réussite formidable
Si un individu X ... Solène pense "La vie est courte, l'important est de vivre ses rêves" Solène pense "La vie est courte, l'important est de vivre ses rêves"
Si c'est Solène qui ... Solène pense "La vie est courte, l'important est de vivre ses rêves" Solène pense "La vie est courte, l'important est de vivre ses rêves"

Ici, on pense de manière saine, en attachant le résultat à une valeur, et pas à la mesure changeante de l'opinion d'autrui ou de soi-même. Pour Solène, qui est une épicurienne, l'important est de vivre intensément, ce qui sera toujours le cas.

Chacun d'entre nous peut faire ce même exercice avec ses propres valeurs.

Comparer ses certitudes à la réalité

Nous avons tous une éducation, une culture, une expérience de la vie. Ces dernières nous ont conduit à nous créer un système de "croyances" prenant la forme de certitudes. Nous pouvons, par exemple, avoir une mauvaise image des gens qui s'enrichissent et inconsciemment subir des freins internes à notre propre enrichissement. Je me souviens très bien du jour où j'ai intégré le comité de direction de la PME industrielle dans laquelle je travaillais. Un bon ami à moi m'a posé cette question : tu ne vas pas changé hein ? Il avait la croyance que changer de statut changeait les gens.


Nous avons toutes et tous des croyances sur l'entrepreneuriat, et il est bon de les mettre à l'épreuve de la réalité, des faits, des statistiques, dont la provenance est sûre (sourcer ses références).

Accepter les émotions négatives

La création d'une entreprise peut nous amener notre lot d'émotions, entre :

  • Syndrome de l'imposteur lorsqu'on n'est pas complètement en confiance
  • Peur de la perte de chiffre d'affaires
  • Découragement devant la rigidité de certaines administrations
  • Tristesse, déni, colère, lorsqu'on est amené à faire le deuil d'un projet
  • Anxiété dans l'attente de la décision de signature d'un gros devis
  • ...


Tout le monde vivra la jalousie, la haine, le dégoût au cours de sa vie. La vie d'un entrepreneur est riche. C'est une aventure. Il y a la liberté, l'indépendance, la fierté, des sentiments forts et tellement intéressants à vivre. Une fois le canal des émotions ouvert à fond, elles passent toutes, les bonnes comme les mauvaises. Chacune a son intensité, sa localisation dans le corps et surtout son appel à l'action. Qui n'a pas senti un jour un besoin de défendre ses valeurs, de questionner, de justifier une fois sous l'emprise de la colère ?


Il y a une grande différence entre ressentir et agir. Si on vous qualifie de coléreux, c'est que vous vous comportez régulièrement de la sorte. L'émotion est interne, le comportement est externe. Confronté à une émotion forte de jalousie quand mon amoureux rentre très tard sans que ce soit prévu, je peux ;

  • Faire des reproches, mener l'enquête, insinuer, donc avoir le comportement de jalousie, qui ne m'apportera que des problèmes ;
  • Refouler l'émotion et faire comme si de rien était, et risquer une dégradation de mon bien-être et de ma santé ;
  • Vivre cette émotion dans mon corps, la laisser s'exprimer, et entreprendre une action juste pour moi et pour mon amoureux lorsque l'intensité est retombée.


Entreprendre = une vie intense (émotions) et valeureuse (sens au travail).

C'est pas beau ça ?


Si on en revient à la peur de l'échec, ça peut juste rester une émotion si je décide de tenir la barre dans le sens de mes valeurs et agir en conséquence OU la laisser me commander et prendre des décisions dictées par la peur, qui est, comme chacun le sait, mauvaise conseillère.

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