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Praticien bien-être : les erreurs courantes

Philippe ANDREOLI • sept. 30, 2022

La demande de bien-être, de mieux être est très forte dans la population française, pourtant, l'offre de services peine à rencontrer ce besoin. Les praticiennes et praticiens bien-être ont parfois de grandes difficultés à réussir leur projet entrepreneurial et se voient régulièrement obligés soit de reprendre un poste salarié à temps partiel, soit d'arrêter complètement leur activité indépendante, à leur grand damne.


Dans les lignes ci-dessous, nous vous proposons d'étudier deux erreurs courantes qui amènent systématiquement à ces mauvais résultats.

Erreur 1 : Le positionnement du praticien bien-être

Nous faisons de l'accompagnement des entreprises à mission une priorité, et les porteuses et porteurs de projets dans le bien-être en forment une partie considérable. Par ailleurs, de nombreux indicateurs montrent la demande qui existe au sein du public. On citera par exemple :

  • Le besoin identifié (source INRS notamment) d'accompagnement du stress en entreprise
  • La croissance quasi constante de consommation de compléments alimentaires depuis de nombreuses années (source SYNADIET)
  • L'explosion de la consommation d'huiles essentielles (source France Agrimer)
  • La désignation par France Compétences de nouveaux métiers émergents comme paysan-herboriste
  • ...

De nombreuses personnes souhaitent engager une reconversion professionnelle, et la crise de la Covid a exacerbé ce mouvement. Donner un sens à son travail est devenu une priorité et répondre à l'épanouissement de l'individu est un puissant moteur. Ceci étant entendu, nous avons observé, au cours de nos accompagnements, différentes erreurs de "positionnement" ou d'"intention" qui peuvent coûter cher au praticien :

  • Faire de son activité une activité "thérapeutique" et ne pas rester dans une dimension santé bien-être. Nous reviendrons sur la différence entre santé et thérapeutique dans le paragraphe suivant. Officiellement en France, la naturopathie, le conseil en aromathérapie, la sophrologie, ou encore la relaxation sont des techniques santé bien-être décrites dans la fiche ROME K1103. Si le praticien la présente comme une activité qui soigne, il aura sûrement maille à partir avec les disciplines médicales. Son activité risque de tourner au combat et à la victimisation. Il convient donc que chacun reste à sa bonne place professionnelle.
  • Soigner ses propres blessures, sans en avoir conscience, en se lançant dans une activité bien-être sublimée et autocentrée. Ce travers conduira généralement la praticienne ou le praticien à méconnaitre sa cible clients et ses véritables besoins et attentes. L'étude de marché sera souvent mal conduite ou insuffisante et la relation de vente sera perçue comme difficile à mener, voire insurmontable. Dans ce cas de figure, il est très difficile de passer du rêve (idée, visualisation de soi-même en train de pratiquer), à l'action.

Enfin, il convient de distinguer un positionnement professionnel d'un positionnement de "gourou", qui va attirer les foudres de la MILVILUDES (prévention des mouvements sectaires) sur la discipline. Tout positionnement basé sur le fait de convertir la population à ses vérités, et non sur des faits reconnus par la communauté scientifique, relève du dogme et cette posture entraine à nouveau des ennuis très rapidement.


Quelle serait donc une posture efficace ?

Une bonne position sera professionnelle :

  • Étudier le marché sur sa zone de chalandise et le besoin des clients, et avoir ainsi une approche entrepreneuriale
  • Utiliser un vocabulaire santé bien-être et non thérapeutique
  • Respecter la réglementation sur l'accueil des personnes en situation de handicap comme sur les règles de publicité
  • Pour les porteuses de projet, identifier l'intention qui se cache derrière votre envie de vous lancer dans ce type d'activité (adéquation homme/projet)

Erreur 2 du praticien : négliger les règles

En 2018, la DGCCRF a contrôlé 675 naturopathes en France. Plus des 2/3 étaient en infraction par rapport à la réglementation :

  • 407 avertissements donnés
  • 43 mises en demeure
  • 8 amendes
  • 15 procès demandés


Les principaux problèmes portaient sur :

  • Utilisation d'"allégations thérapeutiques"
  • Usurpation de titre de thérapeute principalement
  • Site internet incomplet
  • Clauses abusives dans les CGV
  • Absence de dispositif de recours à un médiateur
  • Manque d'affichage obligatoire dans les lieux d'exercice
  • Des cas d'exercice illégal de la médecine avec certaines techniques invasives
  • ...

Vous trouverez le rapport complet de la DGCCRF en téléchargement sous l'infographie ci-contre.

Afin d'illustrer un mauvais positionnement dont je parlais dans le précédent paragraphe :

J'ai parlé de ces contrôles à un naturopathe de mes connaissances. Il m'a évoqué tout de suite une chasse aux sorcières organisée par big pharma, l'ordre des médecins, etc. Peut-être a-t-il raison, je n'en sais rien. Ce que je sais, c'est que ce type de réaction ne facilitera pas son exercice professionnel.

Les bonnes pratiques :

  • Ne pas oublier les mentions légales et la politique de confidentialité (RGPD) sur le site internet
  • Prendre un abonnement auprès d'un médiateur de la consommation (15 à 20 € par an)
  • Ne pas "survendre" vos compétences et avoir conscience de ce que vous pouvez vraiment réaliser en dépit de ce qu'on a pu vous raconter notamment dans les écoles
  • Maitriser le "langage santé" et ne pas utiliser les allégations thérapeutiques. Ce dernier point fait l'objet du dernier paragraphe ci-dessous.
  • Signer un code de déontologie qui précisera votre positionnement
  • Eviter d'être au coeur d'une "entente très mal vue" entre un organismes de formation, un laboratoire et des praticiens qui vendent les produits et se transforment en VRP
  • Pratiquer l'affichage obligatoire (tarifs, etc.) sur votre lieu de pratique

Les allégations de santé vs thérapeutiques

Tout d'abord, un certain nombre de termes peuvent prêter à confusions et sont plutôt réservés aux professionnels médicaux et para-médicaux : patient, consultation, guérison, thérapie, thérapeute, psychothérapeute, etc.


Ensuite, les praticiens ont pris la mauvaise habitude de "gonfler" des choses inexactes ou imprécises. On peut par exemple lire : "l'OMS considère la naturopathie comme la troisième médecine". Cela a été interprété d'une autre allégation fausse qui disait "l'OMS considère la naturopathie comme la troisième médecine traditionnelle" (sous entendu après les médecines traditionnelles orientales), qui elle-même provient d'une reconnaissance de la naturopathie comme médecine traditionnelle (2001) non conventionnelle (1997). Il faut aller sur le site de l'OMNES, fédération de naturopathes pour avoir le texte précis : "la Naturopathie est un ensemble de méthodes de soins visant à renforcer les défenses de l'organisme par des moyens considérés comme naturels et biologiques''


Ensuite, il faut distinguer ce qu'on appelle les allégations thérapeutiques des allégations de santé.

Vous l'avez compris, les allégations thérapeutiques ne sont pas possibles pour le praticien bien-être, pas plus que le diagnostic, et encore moins que les pratiques jugées invasives.

Maintenant, il est tout à fait possible de prononcer des allégations dites "de santé".


Une allégation thérapeutique mentionne le fait qu'un nutriment, un acte prévient ou guérit une pathologie (réservé au corps médical et paramédical).

Une allégation de santé promeut le lien entre un geste, un nutriment et :

  • La diminution d'un risque de maladie (les Omégas 3 réduisent le risque de développer une maladie cardiaque),
  • L'amélioration d'une fonction de l'organisme (Les Omégas 3 favorisent le bon fonctionnement du cerveau et la résistance au stress).

Le praticien santé bien-être ne pourra jamais dire : "Les Omégas 3 préviennent les pathologies cardiovasculaires".


Le règlement CE n°1924/2006 définit la liste des allégations disponibles pour les nutriments, dont les compléments alimentaires : on en recense plus de 4600. Une agence est missionnée pour contrôler le bienfondé de ces messages, l'Autorité Européenne de Sécurité des Aliments.

Par exemple, environ 2000 allégations concernent les plantes aromatiques et médicinales. Elles sont aujourd'hui en "attente de validation".

Ce règlement européen précise aussi que l'on peut faire la demande d'autorisation d'utilisation d'allégations propres à notre pratique auprès d'une autorité d'un état membre. En France, c'est la DGCCRF.


A retenir :

Tout vocabulaire prononcé ou écrit par un professionnel du bien-être qui dirait prévenir ou guérir une pathologie est proscrit. En revanche, un message visant l'amélioration d'une fonction physiologique ou la diminution d'un risque de maladie est autorisé dans le cadre européen.


Et vous, avez-vous noté d'autres erreurs à ne pas commettre si on veut réussir dans le bien-être ?

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